Et on s'habitue...
Et on s’habitue…
A vivre le jour au jour…
On laisse tomber nos rêves…
Ou même les mariner dans nos têtes… les vivre ailleurs…mais pas ici!
Les remettre à un autre jour…
A une autre vie… et à un autre pays…
Un autre pays où les “autres” on pu bâtir leurs propres rêves utopiques, leurs projets d’avenir… leurs relations… leurs familles…
Un autre pays où la vie serait moins violente, plus sécurisante…
Et on s’habitue…
A vouloir refuser cette idée.
A persister…A insister… A résister…
A parler d'inquiétudes, de craintes mais aussi d'espérances…
A aimer son pays avec chaque battement d’un cœur…
A l’adorer…
Pour toutes ses contradictions. Ses couleurs. Ses horizons…
A toutes ses fortes raisons qui te poussent a le quitter.
A toutes ses portes scellées...
Et on s’habitue…
A vivre dans ce cercle infernal…
Dans cette boucle qui se répète chaque soir comme une berceuse qui nous endort pour ensuite déchiqueter nos rêves et nos ambitions.
A ce statu quo qui nous étouffe…nous empoisonne...nous manipule…et nous hypnotise…
Et on s’habitue…
Aux slogans lancés par les pantins de bois…
Aux idéologies abusées, fanées, meurtries…
Aux promesses égorgées…
Et aux utopies vendues…
A tous ses grands titres lancés dans les tribunes internationales,
Et par les bureaux de presse de nos « généraux », nos « gardiens », nos « voleurs », et nos « manipulateurs »
« A la tolérance et la fraternité…
A la paix civile, la stabilité, la souveraineté, l’indépendance et la sécurité du pays… »
Et on s’habitue..
A l’idée que la révolution du Cèdre n’était qu’un rêve qu’ils nous ont vendu un beau matin de printemps…
Et on s’habitue…
A pleurer nos morts.
A les enterrer…
A pleurer nos « souffles d’espoir et de liberté »
A les manquer…
A pleurer la jeunesse aveuglée, manipulée et comme moi, fatiguée!
A pleurer les amis qui quittent ton Liban, qui le « fuient »…
Sans même avoir le courage, les arguments, et la volonté de les convaincre d’y rester !
Mais on s’habitue aussi
A laisser entrer le soleil…
A toujours faire la fête, même avec amertume…
A toujours apprécier son « LIBAN »
Même si chacun veut « son Liban » !
Que sa laideur est belle…
Et que sa beauté est laide..
Et on s’habitue…
A répéter…
“Laissez vivre mon peuple”
