Offrir à tes enfants un soleil libanais.

Publié le par e*

C’est la première fois que me je rappelle de cette manière du massacre de Qana de 96.

Peut- être parce que certains dossiers m’intéressent plus récemment, étant journaliste et étant follement amoureuse de mon pays…

Peut- être parce que j’ai passé récemment un peu temps avec des étrangers qui ne partagent effectivement pas mon point de vue sur différents sujets qui font l’objet de mon intérêt et de mon attention chaque jour…

Je ne sais pas…

 



Ce 18 avril 96, j’avais 11 ans…

J’étais peut être en classe de 4 eme…

Les images dont je me rappelle restent toujours gravées dans ma mémoire…

Nous regardons ensemble  la télévision ce jour la, ma mere et moi.

Elle  ne voulait pas que je vois ces images horribles de la scene du massacre et que je pose toutes ces questions auxquelles elle pourrait jamais répondre d’une manière convenable…


Je me rappelle des journalistes qui pleuraient…sous l’hégémonie de l’émotion et de la situation horrible..

Et c’est maintenant que je comprends. On ne peut jamais etre objectif quand on est attaqué sur notre propre terrain…


C’est maintenant que  je me rappelle, ce soir la j’avais dit a ma mère que
je voulais être journaliste pour ….

raconter aux  «  enfants »  comment «  les enfants » de  mon pays sont tués…

et c’est ce soir que je peux constater que ce sont les journalistes, la force des medias, l’impact des images qui ont pu a un certain moment et dans une certaine limite…arreter l’agression…

 

Hommage donc ce soir a tous ces enfants, ces femmes, ces hommes, les membres de la Croix Rouge…

Hommage au peuple libanais dont je serais toujours fière…

Hommage aux journalistes….a Abbas Nasser et a Robert Frisk..

Hommage au Sud…MON SUD !



 

Ce soir, j’ai envie de parler de Qana…

 

 

 

Un peu macabre oui, mais c’est une réalité a ne jamais

 oublier..

 

 

 

Qana…est un lieu de mémoire…face à toute mémoire de l’oubli…

 

Apres avoir visité Qana, je ne crois pas que personne pourra oublier.

Les portraits jaunis et décolorés des martyrs «  résistent » au soleil…pour te rappeler, que le 18 avril 1996, le temps s’est arrêté…la vie d’environ 100 civils, ENFANTS, femmes, hommes s’est arrêté….en un simple clin d’œil…

Des histoires de vies abandonnées, de vies prêtées, de vies sauvées que tu ne pourras jamais oublier… et tu promets qu’aucun jour tu ne les oublieras

Ces vies qui ont un jour bouleversé ta vie et celle de ton pays…

 

Ce soir, je ne désire pas blâmer une partie ou une autre..

Ce soir, je veux  parler d’amertume…

De Qana…

Cette ville au nom féerique.

 

Quand tu visites le lieu du massacre, tu ne sais vraiment pas quoi sentir.

La haine ? La rage au cœur ? Le sentiment de mort qui te hante partout dans presque tous les villages du sud… « Mon sud »

Je me rappelle du guide de la cimetière ( le lieu du massacre), un quinquagénaire qui te présente le lieu, d’une façon stupéfiante…armé d’un souffle de vie , d’un sourire et d’une rage discrète que tu ne comprendras jamais…

« Je suis un survivant du massacre » insiste – t- il avec un air tristement fier.

 

 

 

 




«  Sud

A qui je voudrais promettre une patrie…

[…] écrire des mots d’amour sur ton corps torturé

Offrir à tes enfants un soleil libanais »

                                           Nadia Tueni

 

 

 

 p.s: Je suis une jeune journaliste libanaise, anti - tous les partis et les courants libanais, tous*

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